1789 a été marquée par la Révolution française
Joseph II de Lorraine (1740-1790) succédant à l’Impératrice Marie Thérèse d’Autriche sur le duché de Luxembourg assure la continuité des idées novatrices qui annoncent la révolution française. Mais la révolution, mettant fin à l’Ancien Régime, supprime les privilèges et les sociétés féodales auxquelles les luxembourgeois conservateurs étaient attachés.
Le 24 juin 1789, Henry BADOUX prend ses fonctions du curé à la paroisse à Robelmont.
Source: registre BMS de Robelmont – Archives de l’État à Arlon
1795, les troupes révolutionnaires entrent dans le Duché
Durant le mois de janvier, les troupes françaises prennent les villes des Pays-Bas et les occupent. Elles descendent vers l’Italie et en y passant le 7 juin, elles conquièrent la ville de Luxembourg. Pendant ce temps, La Terreur sévit en Vendée. L’annexion des Pays-Bas autrichiens est faite le 1er octobre et le Duché devient le département des forêts. “Ce fût une période dramatique, la population stupéfaite, après un court moment d’allégresse, vit successivement disparaître tout ce qu’elle croyait éternel.” “La population comme au temps du Roi Louis XIV “collaborait” avec répugnance.
L’insurrection paysanne partie des Flandres, gagna le pays de Liège et le Luxembourg dans la partie allemande, vécu la révolte des gourdins ou Klëppelkrich. Il y eu un temps une résistance armée en l’an IV (1795), lorsque les gaumais se révoltèrent contre la réquisition des chevaux et en l’an VII (1798) lorsque des jeunes paysans s’insurgèrent contre la conscription, mais les autorités réprimèrent les troubles avec rigueur. Certaines condamnations à mort furent prononcées. Les historiens actuels nomment cette période, la Vendée belge.
Le directoire est marqué par une énorme répression de l’église catholique et avait commencé, dans les départements annexés, une véritable persécution. Il avait décidé par un arrêté du 5 brumaire, que toutes les églises, cures, maisons presbytérales, dont les pasteurs ne prêteraient pas le serment du 19 fructidor, seraient mis sous séquestre et par conséquent enlevées au culte. La persécution religieuse, l’insolence et les dilapidations des agents du directoire, lassèrent la patience des gens. Au commencement de l’an VII, à l’occasion de la conscription, il y eut dans les départements annexés, des soulèvements assez graves. Le directoire y répondit par l’arrêté du 14 brumaire, en vertu de l’article 24 de la loi du 19 fructidor : Art 1er, seront arrêtés et déportés du territoire de la République, les ci-après nommés…
Des mesures furent prises contre le clergé insermenté et les prêtres réfractaires déportés à l’île de Ré. Les premiers prêtres déportés étaient en réalité parqués sur deux navires dans le port de La Rochelle et étaient destinés au bagne.
Source : La répression des prêtres réfractaires conduite hors de la loi sous la révolution française (1793 - an VIII) Éric de Mari
1797, le curé BADOUX, jure son allégeance à ses nouveaux dirigeants
Dans ce contexte où les prêtres étaient hors la loi, on comprend mieux le pourquoi de ce texte du curé.
Le 26 octobre 1797, il officie pour la sépulture de Nicolas DARGENT fils de François et de Marie Françoise GRÉGOIRE, mort dans l’innocence baptismale. Juste après, il remplit une page où il note son allégeance, la lecture entre les lignes nous donne une idée de son état d’esprit.
Registre BMS de Robelmont 0846_000_00563_000_0_0090_r07/04/1796 - 02/01/1800 Archives de l’État à Arlon
Transcription
Nota l’enterrement a de plus et d’autre part est le dernier fait en cérémonies publiques. Selon l’usage de l’église parce que le lendemain, mercredi vingt sept du courant, j’ai été jeté de même partout le clergé du canton de Virton, hors des fonctions publiques du ministère catholique par les refus du serment exigé par le décret de la république française du 19 fructidor an 5. Qui est le mardi 5 septembre de l’ère chrétienne 1797, lequel décret avait été publié des jours auparavant.
La formule du serment exigé est
je jure haine à la royauté et à l’anarchie, attachement et fidélité à la république et à la constitution de l’an troisième.
Ainsi dorénavant les morts seront constatées par les agens des communes et les enterrements se feront sans le ministère des prêtres, à moins qu’ils n’en feront ? Prêtés serment il en est même de toutes les autres fonctions, elles ne peuvent reprendre qu par les le servicrent ? Que est néamoins contre la foij catholique parceque la constitution de l’an trois est destruction du gouvernement et de la discipline eclésiastique, étant fondée dans les premiers de Feb.
Il ne reprendra son rôle que le 23 juin 1798, date où il inscrit la sépulture de Marie Thérèse et Élisabeth sœurs jumelles de Michel LIBERT et Marie Catherine HABRAN fille de Louis, mortes dans l’innocence baptismale. Marie Thérèse fut enterrée le lendemain 24 juin 1798 par l’agent de la commune et Élisabeth décéda 7 jours plus tard le dimanche 1er juillet 1798, elle fut mise en terre sainte par J B LALOY marguillier de la paroisse le lendemain. Dont acte par le soussigné, jour de l’enterrement en foy de quoy.
LIBERT Marie Thérèse et Élisabeth soeurs jumelles 1!D 1798.06.23 Robelmont – Archives de l’État à Arlon
A la lecture de ces actes, je ne suis pas sûre qu’il ait lui-même officié, il me semble plutôt qu’il ait juste tenu le registres et l’on sent son amertume.
Le Révérend curé Henri BADOUX décédera quelques années plus tard, le 12 avril 1801 et sera inhumé le lendemain dans le cimetière de sa paroisse grâce à l’office du curé de Meix qui a pu lui administrer les sacrements que notre mère la Sainte Eglise accorde au mourants.
Histoire de la constitution civile du clergé : par Ludovic Sciout Chapitre les déportations fructidoriennes: p 632 et plus 654