“La fiscalité étant la base de fonctionnement des États, ceux-ci ne peuvent que la renforcer sans cesse.” “Une ligne douanière oriente dans des sens très opposés les populations qu’elle sépare: son influence sur leurs destinées est plus décisive que l’unité de la religion, de la langue et des mœurs.” Marcel Bourguignon
Prospérité ou déclin tout se décide selon les frontières
En 1795, le duché de Luxembourg devint donc le département des forêts, France
Les usines métallurgiques sont dès lors rattachées à un marché économique plus vaste, les usines de Berchiwé et de La Claireau, travaillant exclusivement pour la manufacture d’armes de Charleville vont connaître une grande prospérité.
En 1812, le département des forêts est le premier des départements métallurgiques français, à sa suite, on trouve, le département de Sambre-et-Meuse, de Moselle, de Mont-Tonnerre, la Meuse et de l’Ourthe.
Comme nous l’avons vu à l’article N comme Nouveaux venus, ces départements ont connus une immigration considérable de maîtres de forges venus de l’ancienne France, rachetant ou louant les usines existantes. Ils provenaient des régions frontalières, Longwy, Carignan, Sedan et d’autres de plus loin, Hagondange, Provins, de l’Isère ou de Saint-Chamond (Loire).
Les achats et vente de matériaux était facilités dans ce large espace géographico-politique que représentait la France d’alors et c’étaient une véritable aubaine.
Carte France 1790 avec les territoires annexés – origine inconnue
En 1814, la région fut séparée de la France, et attribuée à Guillaume Ier des Pays-Bas
Les difficultés surgirent de toutes parts, le marché se rétréci et la sidérurgie devint déficitaire, les distances et le mauvais états de routes rendent les réseaux inaccessibles vers les clients de Liège (érigé depuis toujours en principauté), de plus des établissements modernes s’installent sur la Meuse et la Sambre.
“La France se confine dans un protectionnisme étroit qui lui permit de se reconstruire, mais elle avait frappé à l‘entrée tous les fers étrangers d’un droit de 40 francs au quintal métrique, ce qui représentait le prix de revient du produit.” (1)
Le nouveau gouvernement de Guillaume Ier, propriétaire principal des bois, n’accepta jamais de taxer à la sortie les charbons de bois, il en fit de même pour la houille transportée sur la Meuse jusqu’à Sedan et Charleville. Les propriétaires ayant des forges sur les deux pays, s’en sortirent mais pas les autres. Le chômage s’installa, les maîtres de forges regrettaient la période où ils étaient rattachés à la France.
En 1830, les dossiers de liquidation judiciaire ou l’expropriation d’Orval, Berchiwé et Le Pont d’Oye s’accumulaient dans les tribunaux.
En 1839, fut signé la séparation des deux Luxembourg, le Grand-duché demeuré uni à la Hollande bénéficia de conditions plus favorable et adhéra au Zollverein ou union douanière allemande en 1842. Les règles de marchés n’étaient dès lors plus les mêmes selon les frontières.
L’autre partie du Luxembourg, plus grande géographiquement devint belge et se trouva confronté aux industriels de Charleroi et Liège en pleine prospérité grâce à leurs houillères. Les ouvriers métallurgistes ne trouvant plus d’emploi, se tournèrent vers la terre, ce qui ne put être le cas de tous ou émigrèrent en masse vers la France formant de petites colonies.
Après cette date, quelques fourneaux subsistèrent et puis fermèrent dans les décennies qui suivirent. Ce fût la fin de 300 ans de prospérité.
Carte luxembourg en 1839 Source: L’avenir du Luxembourg Plus supplément n°94 du 21 avril 1989
La prospérité du Grand-duché de Luxembourg, fut assurée
Grâce à la découverte de nouveaux gisements de fer vers Esch sur Alzette et son adhésion au Zollverein, de nouveaux sites sur Longwy, Athus, Rodange, cette époque signe une toute autre histoire dont le sujet est la sidérurgie des temps modernes. Elle peut alors raconter, l’épopée des magnats des colossales entreprises modernes des 4 pays limitrophes dont on connaît au moins les WENDEL.
L’émigration qu’a provoqué ce déclin, me laisse à penser que je ferais bien d’aller faire un petit tour du côté d’Hayange et autres forges pour voir si je n’y retrouve pas les HABRAN disparu de Robelmont vers ces années-là.
Il se fait que Sébastien du blog Marques
Ordinaire, publie son Challenge AZ tout autour des recherches dans ce
département. Je vais pouvoir suivre ses articles pas à pas.
Source :
Marcel BOURGUIGNON L’ère du
Fer en Luxembourg (citations en italique)